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Casemasce, Ombrie, mai 2011

D'un voyage en Ombrie, une promenade à Orvieto ; de cette flânerie, la visite du dôme ; une rencontre : les fresques de la Cappella di San Brizio, les voûtains de Fra Angelico, le vertige théâtralisé de Luca Signorelli.

Une vision eschatologique. Une projection apocalyptique. Une furie, la construction d'un désordre, l'exacerbation du geste, d'une attitude ou d'une expression, la confusion de l'émotion, la violence dans la perte ou dans la découverte des sens, la stupeur dans la révélation du sentiment, la radicale tension des corps, des traits, le chaos faisant face à l'extrême contention d'un équilibre.

 

Stéphane Cecconi

 

 

Dessiner, c'est ouvrir une fleur

 

Prise de possession du vide, le trait de crayon est par nature décision, naissance. Au moment même du geste qui pousse la main au contact avec la feuille surgit un monde qui déplie ses faces vers le dehors, se déploie, referme un espace. Un langage naît, une forme apparaît.

En cette origine soudaine le dessin est froissement, ouverture, croissance. Floraison.

Dessiner, c'est donc ouvrir une fleur, multiplier par le crayon l'épaisseur des secrets.      Et quand l'une d'entre elles se fixe en sa beauté l'artiste ne peut faire qu'elle ne se resserre du même coup dans le dessin.

En partie disparue; mais jamais tout à fait, non plus. Car tel est le paradoxe des fleurs - et l'on pourrait dire de même de presque tout le visible - qu'elles ne se laissent voir qu'en se dérobant.

 

Florian Rodari

J'ai parcouru les crêtes à dessin.

Équilibre de pierre

fragile, précaire, incertain

où trait et courbe

font trace au chemin.

J.G.C.

Au fil des poses, le modèle est traduit par un crayon rapide et volontaire. Le trait appuyé définit la forme dans l’espace, mais au-delà du contour, marque aussi bien ce qui pourrait être lu comme une trace, une onde, la réminiscence du frottement de l'air provoqué par le mouvement du muscle.

Puis le crayon revient, à la fois plus léger, plus serré, plus nerveux souvent, aux franges de la forme qu'il pénètre et traverse comme une vibration. C’est ce que l'on observe, du moins, dans les deux nus féminins.

Faut-il l’entendre comme une parure, comme le besoin de prolonger l’évidence brutale d’un corps résumé à ses lignes de force par une manière d’aura, d’épanchement Indistinct mais cependant perceptible qui serait le signe d’une différence des sexes, de cette altérité que ceux-ci ressentent l’un envers l’autre ? Aux nus féminins, les positions assises, refermées. Pudeur, repli, attente, le corps ne s’offre que partiellement.

Atavisme, ou tradition, - et c’est sans doute la même chose - qui impose d’inscrire la femme dans le cercle ou l’ellipse, dans ce qui rejoint son point de départ, l’œuf dans l’utérus.

 

Claude Ritschard

 

Dessiner c'est comprendre

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